RHÔNE (VALLÉE DU)

RHÔNE (VALLÉE DU)

RHÔNE VALLÉE DU

Longue plaine sédimentaire, étroite et allongée entre le Massif central et les Alpes, la vallée du Rhône a une grande importance économique, surtout comme axe de communication: deux voies ferrées (dont celle du T.G.V.-Sud-Est), deux routes nationales, une autoroute, des lignes de transport de force, l’oléoduc sud-européen l’empruntent, ainsi que le fleuve rendu navigable après de nombreux aménagements effectués par la Compagnie nationale du Rhône.

La vallée du Rhône relie non seulement le sud et le nord de la France, mais aussi l’Europe du Nord à celle du Sud et, par les passages transversaux, la France du Centre et de l’Ouest à la Suisse et à l’Italie. Après 260 kilomètres en Suisse, le Rhône entre en France et coule entre les Alpes au sud et le Jura au nord, isolant l’île Crémieu dans le bas Dauphiné. Cette région, de même que les Dombes au nord du fleuve, est une zone de dépôt de moraines et, au passage, le Rhône se charge de cailloux, de sable, d’argile. Il reçoit les affluents jurassiens calmes, dont la Saône à Lyon. Jusqu’ici de direction est-ouest, le Rhône a alors une direction nord-sud; il coule entre le bas Dauphiné et le Massif central dans une large vallée, puis à partir de Tain-l’Hermitage-Tournon, il est repoussé contre le Massif central par les apports alluviaux issus des Alpes; il traverse une succession de défilés, qui ont servi à l’établissement de centrales hydroélectriques et de bassins: Valence, Montélimar. À partir de Donzère, la vallée s’élargit en triangle et le Rhône construit son delta avec les matériaux qu’il dépose sur cette surface plane; le delta reste en construction, malgré les aménagements destinés à limiter les inondations, les colmatages, etc. Le Rhône est un fleuve rapide, au débit élevé, qui a été aménagé par une suite de canaux de dérivation, d’écluses, et les points étroits portent les nombreuses centrales; l’aménagement du fleuve est en voie d’achèvement. Il a amélioré la navigation (le trafic est d’environ 4 Mt chargées par an dans les années 1990), et l’agriculture, grâce à l’irrigation (200 000 hectares sont irrigués). La présence d’énergie a été un facteur favorable à l’implantation d’usines.

Tout au long de son cours, le Rhône traverse des régions agricoles différentes: entre le lac Léman et Lyon, herbages et élevage bovin et, peu avant Lyon, production céréalière importante, liée à un élevage bovin, qui se poursuit jusqu’à Montélimar, dans la vallée même; sur les pentes s’étagent les vergers dont les produits (abricots, cerises, poires, pêches, prunes) sont expédiés par Saint-Rambert-d’Albon; le vignoble des côtes du Rhône s’étend de Vienne à Avignon. L’irrigation est déjà nécessaire dans les plaines de Valence et de Montélimar, car les étés sont secs, pour la culture du maïs, du tabac, des légumes, des arbres fruitiers. Elle est encore plus développée dans la plaine du Comtat Venaissin, célèbre par ses cultures de légumes, dont le melon de Cavaillon, sur de petites parcelles encloses de haies de cyprès et de cannes pour amoindrir les effets du mistral; la Crau profite aussi d’un renouveau économique grâce à l’eau (production de foin). Le delta camarguais est le domaine des grandes exploitations. Le nord du delta se consacre plutôt aux cultures (riz, blé, colza, vignes, fruits et légumes), la basse et moyenne Camargue à l’élevage (taureaux et chevaux).

L’industrie est concentrée autour de deux pôles — Lyon (deuxième agglomération française avec 1 260 000 hab. en 1990) et le complexe de Fos-étang de Berre-Marseille —, et distribuée en des points précis le long du cours: usines de textile et de construction d’appareils de Vienne; grosses usines chimiques des Roches-de-Condrieu (colorants), du Péage-de-Roussillon, de Saint-Clair-du-Rhône; industries du textile, de la chimie, de la mécanique à Valence (65 000 hab. en 1990); industries du cuir et de la chaussure à Romans et à Bourg-de-Péage; cimenteries de La Voulte-sur-Rhône et du Teil; aciéries électriques à Audin et à L’Ardoise. L’industrie nucléaire est très présente dans le couloir rhodanien. Le surgénérateur Superphénix de Creys-Malville (Isère), arrêté en 1990, a redémarré en 1994; la production d’électricité n’est plus la mission principale de l’installation, désormais vouée à la recherche et à la démonstration. La centrale du Bugey (Ain) avait, en 1993, une production de 22,2 milliards de kilowattheures, celle de Saint-Alban-Saint-Maurice (Isère) 13,8 milliards, Cruas-Meysse (Ardèche) 22,6 milliards et celle de Tricastin (Drôme) 23,6 milliards. On trouve également des usines d’enrichissement de l’uranium (Pierrelatte), de traitement de combustibles irradiés et de stockage de déchets radioactifs (Marcoule, site du surgénérateur Phénix), de fabrication de combustible nucléaire. Lyon, important centre industriel, dirige toute la vallée du Rhône, non seulement par les capitaux, mais aussi par l’existence d’une industrie textile dynamique, qui, de la soierie, a évolué vers la production de textiles synthétiques et artificiels. La chimie, appuyée sur le pétrole (raffinerie de Feyzin), la métallurgie, la construction mécanique et automobile sont les principales activités industrielles lyonnaises. La zone industrialo-portuaire de Fos (créée en 1964) accueille sur 9 100 hectares une cinquantaine d’entreprises (raffineries, usines sidérurgiques, chimiques et pétrochimiques) et employait, en 1993, 6 600 personnes. Elle fournit 40 p. 100 de la production pétrochimique française. Cette activité fait travailler le port de Marseille, qui, avec un trafic de 87,3 millions de tonnes en 1993, est le premier port français.

Encyclopédie Universelle. 2012.